
PREMIER PROBLEME : LE CALENDRIER DES NÉGOCIATIONS !
Un délai très resserré : négociations en 4 réunions entre le vendredi 6 juin et le 23 juin ; avec la pression d’une date légale limite de signature des accords au 30 juin. Quasiment la garantie d’un échec, tout le monde connaissait le contexte et la limite de fin juin, mais encore une fois la Direction a préféré attendre le dernier moment pour négocier.
C’est une stratégie Direction qui vise à mettre la pression aux organisations syndicales : peu de temps pour négocier, peu de temps pour analyser, peu de temps pour communiquer et à la fin l’épée de Damoclès du 30 juin :
«Si vous ne signez pas c’est la garantie d’avoir "0", alors signez pour ne rien faire perdre aux salariés…. »
Malgré les efforts actifs de la CFE-CGC pour obtenir les propositions d’accords soumis à la signature et pouvoir consulter nos adhérents, la Direction ne nous a transmis les documents que le mardi 24 juin après 18h.
Ainsi, il a fallu réaliser l’analyse des documents, évaluer les effets potentiels des accords puis la consultation de nos adhérents dans un laps de temps très contraint, clairement imposé par la stratégie de la Direction.
Cette manière de procéder n’est pas en adéquation avec les attentes de la CFE-CGC et l’idée que nous nous faisons d’un dialogue social de qualité.
Nous tenons tout de même à remercier chaleureusement nos adhérents pour leur réactivité et la confiance qu’ils nous ont témoignée.
PARTCIPATION : UNE PERSPECTIVE QUASI INEXISTANTE
Compte tenu des résultats prévisionnels de l’entreprise, l’accord proposé ne permettrait pas de déclencher de la participation aux bénéfices, ni en 2025, ni en 2026. Un déclenchement potentiel en 2027 serait envisageable mais quid de la confiance à accorder à des projections à 3 ans ?
Le passé nous a montré que le Résultat Net réel n’a jamais été proche du prévisionnel ces dernières années (et de loin…).
Avec deux autres organisations syndicales, la CFE-CGC a demandé l’abaissement du seuil de déclenchement de 100 à 90 M€ de Résultat Net pour donner une perspective positive dès 2026 et que l’accord soit motivant pour les salariés.
La Direction est restée sourde à cette revendication et propose un accord de 3 ans, offrant peu de perspectives, donc assez peu motivant.
À 97% nos adhérents se sont prononcés contre la signature de l’accord de participation
La CFE-CGC ne signera pas cet accord.
Rappel : La négociation sur la participation est obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés. En cas d’échec des négociations et en l'absence d'accord, un régime obligatoire est imposé à l'entreprise. Ce régime, dit d'autorité, est mis en place à l'initiative de l'inspection du travail ; le résultat serait identique : pas de participation envisageable.
INTÉRESSEMENT : UN ACCORD MINIMALISTE AVEC UN FAIBLE POTENTIEL
L’accord proposé permettrait de déclencher potentiellement un peu d’intéressement en 2025, 2026 et 2027 (mais bien en-deçà de l'accord précèdent) selon une répartition de :
- Enveloppe (A), 50 % : des critères basés sur des objectifs opérationnels définis unilatéralement
- Enveloppe (B) , 50 %: des critères basés sur des objectifs financiers.
La négociation : peut-on employer ce terme ? La Direction est restée sourde à la majorité des propositions CFE-CGC, imposant sa feuille de route et ses indicateurs, sans réelle concertation.
- Ajuster les critères chaque année, car nous savons par expérience qu’à 3 ans ils sont faux et les prévisions sont revues = refus
- Mettre en place des critères plus proches du terrain, moins Macro, pour un pilotage homogène dans toutes les directions = refus
- Avoir une ventilation des enveloppes donnant plus de poids aux critères opérationnels (C’était 70/30 sur l’ancien accord) = refus
- Au pire, signer un accord d’un an afin de tester la nouvelle formule, en mode « payer pour voir » = refus
Une de nos revendications était forte, reconnaitre l’engagement des salariés par un poids plus important donné aux critères opérationnels. Pourquoi ?
Car la situation économique de l’entreprise est connue, les prévisions sont dégradées par rapport à la période 2022-2024 et cela impacte directement le potentiel d’intéressement. Explications :
- En 2025 le potentiel était de 13M€. La seule enveloppe (A) des critères opérationnels a permis de dégager 8M€ d’intéressement, l’enveloppe (B) des critères financiers dégageant 0€.
- Or, le potentiel global d’intéressement de 2026 est estimé à 7,4M€ au maximum (Enveloppe A + Enveloppe B), et la Direction décide de diminuer la performance de l’enveloppe (A), en donnant autant de poids aux critères opérationnels qu’au critère financier.
En clair, les critères opérationnels auraient pu donner une enveloppe de 5,2M€ mais la Direction l’a réduite à 3,7M€
En étant très optimiste sur le critère financier, considérant que le Résultat Opérationnel (RO) réel 2025 serait à 70% du RO cible, ce qui n’est jamais arrivé ces 3 dernières années, on pourrait espérer le déclenchement d’une partie de l’enveloppe (B).
Mais la crédibilité à donner aux prévisions économiques et à la capacité d’atteindre le seuil de déclenchement du critère financier est faible.
Alors évidemment les négociateurs CFE-CGC ne sont pas satisfaits. Pour la CFE-CGC, que la Direction veuille remettre le financier au premier plan, pourquoi pas. Sauf que :
o La participation est déjà un accord qui s’appuie uniquement sur le critère financier et elle donne 0€
o Depuis 3 ans, si de l’intéressement a été versé de façon croissante*, c’est du fait des critères opérationnels uniquement
o En 3 ans le critère financier a toujours donné 0€ d’intéressement,
o Le Résultat Opérationnel réel n’a jamais atteint le Résultat Opérationnel cible (47% en 2022, 36% en 2023 et 15% en 2024 !)
Aussi, les critères opérationnels auraient dû rester prépondérants : ils sont ceux sur lesquels les salariés ont un impact direct et concret.
Tout ceci étant dit, les adhérents CFE-CGC ont été consultés, le choix était assez simple :
- Soit signer l’accord pour essayer de capter un peu d’intéressement,
- Soit ne pas signer l’accord car il nous engage pour 3 ans avec de faibles perspectives et les négociations ne se sont pas déroulées correctement.
Les adhérents CFE-CGC ont tranchés : à 88% ils ont voté contre la signature de l’accord d’intéressement
Pour la première fois et à une très large majorité nos adhérents ont rejeté un accord d’intéressement. La CFE-CGC ne signera pas cet accord.
La Direction ne semble toujours pas aborder l’épargne salariale, et notamment l’intéressement, avec l’importance qu’elle a. Ce sujet n’est pas seulement une question d’ €, c’est aussi un axe de motivation, de management et de reconnaissance des salariés.
Avec de bons critères et des perspectives positives cela peut être un véritable outil de management de l’entreprise dont tout le monde bénéficie, entreprise comme salariés.
*cf. tableau de la NL du 05/06
CONCLUSION CFE-CGC
Par la non-signature de ces deux accords, la CFE-CGC adresse, avec le soutien de ses adhérents, un signal fort à la Direction.
La CFE-CGC est la première organisation syndicale d’ArianeGroup, présente sur l’ensemble des sites. Les salariés que nous représentons utilisent rarement les modes d’actions de blocage, privilégiant le dialogue et la confiance dans l’intérêt commun entreprise-salariés.
Or, ces salariés, habituellement silencieux et dont nous portons la voix, commencent à montrer des signes de lassitude et un besoin de considération qu’ils n’ont pas forcément ressenti ces dernières années. Ils envoient un message que la Direction doit écouter.
Pour la CFE-CGC, ce refus de signer 2 accords n’est pas seulement une position technique sur le contenu des accords de participation et d’intéressement. Il s’agit aussi d’un acte destiné à exprimer un ras-le-bol profond face à un dialogue social de façade, qui s’est progressivement délité.
Depuis plusieurs années, nous assistons à une dégradation continue de la qualité des échanges sociaux dans l’entreprise :
- Des négociations menées au pas de charge, avec des marges de manœuvre réduites voire inexistantes,
- Des propositions unilatérales, à peine modifiables,
- Une écoute très sélective, voire absente, des revendications syndicales,
- Et une utilisation systématique des délais légaux comme levier de pression, au détriment d’un vrai travail collectif.
Refuser de signer, c’est aussi refuser cette manière de faire. C’est affirmer qu’un vrai dialogue social suppose du respect, du temps, et la volonté sincère de construire ensemble.
C’est sur la défense de ces principes fondamentaux que la CFE-CGC continuera d’œuvrer pour la défense des droits des salariés.