ArianeGroup déploie une stratégie qui semble claire mais très risquée et repliée sur les seuls gros programmes
L’utilisation abusive des sous-traitants sur site (aussi appelés 'Assistants techniques') impacte la GPEC
La CFE-CGC vous livre son analyse
Les Produits, Equipements & Services (PES) ont quasiment disparu
⇒ La stratégie de l’entreprise ne repose plus que sur la dualité des programmes Civil et Défense.
Nous ne savons rien sur les activités suivantes, dont certaines sont à l’export :
- R&T Matériaux très énergétiques ?
- R&T Matériaux énergétiques « verts » ?
- Exportations de perchlorate ?
- Nouvelles Activités Hydrogène ?
- …
Pourtant, certaines de ces activités ont des impacts positifs sur nos coûts de production tant sur les segments Défense que Civil.
Une addiction affirmée aux grands programmes
⇒ ArianeGroup est devenue encore plus dépendante des décisions de nos grands clients qui définissent les politiques nationale et européenne, que ce soit pour les marchés de la Défense ou Civils.
Nous y voyons le risque majeur d’ absence de grand programme. Dans ce cas, notre entreprise n’aurait plus d’activité ! Nous le constatons avec le projet de constellation européenne qui tarde à venir et dépend à 100% de décisions politiques.
Nous considérons qu’il existe un problème structurel de gestion des compétences, la société est dans un cercle vicieux imposant un recours abusif au « Flex », justifié, à tort, par les pics de charge lors des phases de développement programme.
La Direction justifie les Assistants Techniques pour « disposer d'une variable d'ajustement flexible et relativement instantanée pour passer les variations de charge ».
Mais le constat est tout autre : ce sont les salariés ArianeGroup qui servent de variable d'ajustement, pas les Assistants Techniques. Inacceptable !!!
La question des compétences est également posée par nos clients qui pour certains n’apprécient guère la situation : la DGA nous finance pour garantir le maintien de compétences sur certaines spécialités et technologies. On peut s'étonner que les financements dégagés par notre client aient finalement servi à financer des sociétés de prestataires extérieurs plutôt qu'un maintien de compétences internes avec des salariés matriculés.
Nous sommes une entreprise dont les compétences s’acquièrent sur un temps long ! Il faut donc définir une stratégie GPEC de long terme et trop de temps a été perdu.
Pour la CFE-CGC il n’est pas concevable que les effectifs ArianeGroup continuent de diminuer, que nous perdions de la compétence et que cela se fasse au profit des Assistants Techniques. Ainsi, nous pensons que les mesures de GPEC affichées n’auront pas l’effet escompté et restons perplexes quant à leur réelle efficacité.
Notre conclusion est que trop de facteurs impactent négativement la capacité de l’entreprise à assurer le maintien de compétences et le bon niveau de formation des salariés en lien avec la stratégie présentée :
L’heureuse opportunité du contrat Kuiper
Si ce contrat est une aubaine pour notre société en permettant de remplir notre carnet de commande et de monter plus rapidement en cadence, il n’a été rendu possible que par une heureuse opportunité. En effet Ariane 6 était initialement conçue pour les lancements de satellites lourds géostationnaires ; il s’avère qu’elle est capable de lancer des constellations et c’est tant mieux. En revanche Ariane 6 répond à ce besoin nouveau. Si les constellations n’existaient pas, notre produit – qui n’existe toujours que sur catalogue – serait dans une situation commerciale très délicate. La CFE-CGC en profite pour saluer l’engagement et l’opiniâtreté de nos collègues qui ont su mener à bien la négociation de ce contrat avec un client aussi exigeant qu’Amazon.Améliorer Ariane 6
La stratégie consiste à proposer des améliorations d’Ariane 6 et, à plus long terme, une nouvelle gamme de lanceurs pour répondre aux demandes des institutions.Défense et géopolitique
La stratégie est intimement liée à la situation géopolitique mondiale, aux décisions de la France et potentiellement de l’Europe en matière de Défense. Il est naturel que le client tire le besoin et que nous cherchions à lui répondre en mettant en avant toutes nos compétences et ainsi assurer de la charge de travail. La CFE-CGC se félicite des retours positifs de notre client et de la confiance qu’il accorde à notre société pour ces sujets majeurs, tant pour la France et que la pérennité de nos activités.Des réductions d’effectifs décorrélées de la réalité
La CFE-CGC est très claire, si nous avons souhaité jouer notre rôle social d’accompagnement des salariés en signant l’accord de Rupture Conventionnelle Collective (RCC), c’est uniquement pour ne pas ramener les conditions de départ au strict socle légal et dans l’unique but d’offrir une porte de sortie « améliorée » pour les salariés volontaires à un départ de la société. Aussi la signature de l’accord RCC ne signifie en aucun cas approbation du plan d’adaptation des effectifs, et nous souhaitons rappeler ici que nous nous sommes prononcés contre le plan de réduction des effectifs porté par le projet Shift 2. Les réductions d’effectifs semblent viser le seul objectif de réduction de coûts car ne sont pas corrélées avec le travail à réaliser : tandis que la charge de travail prévue à l’OP22 pour 2023 et 2024 est plus importante que celle qui était affichée dans l’OP20, les effectifs prévus sont inférieurs ! Ce décalage est incompréhensible.Les mini-lanceurs
Ils sont devenus, avec notamment le coup de pouce du Gouvernement, un élément majeur du développement d’ArianeGroup avec MaïaSpace. Tout ce que nous pouvons en dire aujourd’hui est que l’objectif stratégique de cette structure reste flou. Quel est le projet MaïaSpace : Start-up ? Cheval de Troie ? Affichage politique ?Une gestion des effectifs qui fait la part belle aux sous-traitants sur site, au détriment des compétences ArianeGroup
Le pilotage de la société par une Direction qui a les yeux rivés sur la situation financière entraine plusieurs écueils qui pénalisent fortement la GPEC et la formation. En voici un majeur : les Flex, aussi appelés Assistants Techniques ou encore Sous-traitants sur site. Le tableau ci-dessous se passe de commentaires :
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Effectifs France
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Assistants Techniques
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Fin 2018
|
≈ 6876
|
≈ 800
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Fin 2021
|
≈ 6060
|
≈ 800
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- problème structurel de gestion des compétences
- réductions d’effectifs décorrélées des
besoins de terrain - peu de fiabilité des prévisions d’
effectifs - temps disponible insuffisant pour former le personnel
- perte de compétences déjà réelles …
Il existe un trop grand décalage entre les ambitions affichées et les moyens donnés par la Direction pour les atteindre.
Cette analyse a conduit vos représentants CFE-CGC en CSE Central à émettre un avis négatif sur la Stratégie, la GPEC et la Formation qu’ArianeGroup compte mener cette année