Tour d’horizon ArianeGroup

Si la pause estivale aura été bénéfique pour toutes les équipes, cette fin d’année est marquée par un sérieux retour à la réalité. La CFE-CGC vous propose un tour d’horizon complet en lien avec le CSE Central qui s’est tenu le 14 novembre dernier.

FINANCES

Le CSEC vient de rendre un avis DEFAVORABLE unanime concernant la situation financière et économique 2023.

Nous avons pu constater, encore une fois, la complexité des opérations financières dans le groupe. Par exemple citons, des prêts de plusieurs millions d’ArianeGroup SAS à la Holding (>300M€ en 2022 et >400M€ en 2023), une dépréciation du fonds de commerce (= la valeur financière de l’entreprise est inférieure à la valeur comptable) car les différentes pertes ont consommé les réserves accumulées depuis la création d’AGS et impactent donc directement l’apport des actionnaires. 

Enfin, les provisions pour Risques ont progressé et plus particulièrement sous le risque de pertes à terminaison en lien avec les retards sur le programme A6.

Malheureusement l’exercice 2024 d’ArianeGroup se soldera aussi par des pertes opérationnelles ; si l’exercice 2025 reste ambitieux (technique, commercial et coûts à terminaison), les retards 2024 seront reportés sur ce dernier engendrant un EBIT négatif sur le court terme. C’est sur ce même court terme que l’objectif semble être fixé pour assurer la suite. Car pour l’heure la situation financière d’ArianeGroup ne reviendra pas à l’équilibre avant plusieurs années.

Il nous a aussi été présenté une partie des messages que le CEO a adressé aux Senior Managers pour essayer de revenir, entre autre, à une meilleure situation financière. Nous les synthétisons ici, tels que nous les avons compris :

  • Notre On Time Delivery (OTD) général est trop faible, cela coûte plus cher alors que des ressources ont été mises en places pour tenir les livraisons
  • Soyez disciplinés et soyez simples,
  • Valorisez votre temps et celui de votre équipe,
  • Continuez à vous concentrer sur la création de valeur,
  • Soyez humbles, identifiez ce que vous ne savez pas et apprenez.

Dont acte, mais pour la CFE-CGC :

  • les salariés sont engagés et conscients que leur avenir professionnel dépend de la réussite de la société, et donc de leurs efforts.

Une partie de nos difficultés, au-delà de la lourdeur de beaucoup de nos processus, vient également du fait que pour relever nos challenges et réaliser le Chiffre d’Affaires prévu il faut des salariés compétents et en nombre suffisant ! Or nous avons pu constater les effets néfastes d’un manque de ressources lié aux plans de réduction d‘effectifs. Malgré des embauches il faut accepter qu’une montée en compétences est nécessaire avant de revenir à un niveau d’expertise ad hoc.

La CFE-CGC espère que les choix faits par la Direction sont les bons et que les salariés ne seront pas une variable d’ajustement future pour résoudre des problèmes financiers.

ACTIVITÉS CIVILES

Ariane 6

Après le succès du tir inaugural de notre lanceur Ariane 6, il s’agit  de réaliser la montée en cadence (ramp-up) ; objectif non moins difficile mais au combien primordial pour l’avenir de la société.

FM2 est en cours de transfert pour la Guyane, la fenêtre de tir est annoncée courant mi-février 2025. Quant au 3ème tir, nous ne connaissons toujours pas le nom du passager officiel. Eumetsat, l’opérateur des satellites météo européens, ayant annulé le lancement de son satellite MTG-S1 par la fusée Ariane 6, au profit de l’Américain SpaceX ; l’Allemagne étant malheureusement (et encore) à la manœuvre.

Prometheus® et Themis

Une signature de contrats sur ces deux programmes était prévue la semaine dernière.

Les démonstrateurs Prometheus® et Themis sont des programmes de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) pour le développement de technologies de réutilisation en Europe pour lesquelles ArianeGroup est l’architecte principal.  

Prometheus® est le futur moteur des lanceurs de l’ESA à horizon 2030. Themis est un démonstrateur européen de premier étage de fusée réutilisable.

MAIA 

ArianeGroup Holding a réalisé un investissement conséquent sur ce projet (85M€ aujourd’hui qui vont progressivement augmenter à 125M€). Le développement suit son cours nominalement. L’ancien pas de tir Soyouz a d’ailleurs été attribué à MaiaSpace.

Dans le secteur des mini-lanceurs, à noter que RFA a connu un échec lors de sa première tentative de vol (panne du turbo compresseur).

CONSTELLATION IRIS

Fin octobre, la Commission européenne a annoncé qu’elle attribuait le contrat de concession au consortium SpaceRise pour développer, déployer et exploiter le système satellitaire de connectivité sécurisée européen Iris 2. L’objectif affiché étant de ne pas dépendre des infrastructures américaines Starlink de SpaceX et Kuiper d’Amazon.

Il est prévu de construire 290 satellites, les déployer et proposer les premiers services, à partir de 2030, aux clients institutionnels (États, agences gouvernementales, armées), aux entreprises et aux citoyens européens.

Le projet de constellation européenne est ambitieux mais, repose à presque 50% sur des financements privés et peine donc à devenir une réalité industrielle ; quand bien même elle serait une opportunité en termes de lancements à réaliser.

VEGA-C

Un nouveau tir VEGA-C est prévu le mardi 3 décembre. (Après quasiment 2 ans d’arrêt). Rappelons que c’est un col de tuyère ArianeGroup qui équipe désormais le nouveau moteur de VEGA-C ZEFIRO 40.

VULCAN 

ArianeGroup fournit les tuyères du moteur RL10 d’Aerojet Rocketdyne, équipant le lanceur lourd américain de United Launch Alliance (ULA), surnommé VULCAN.

Quelques difficultés de qualification sont à déplorer. Une démarche globale est en cours (avec le client) en vue de solutionner ces difficultés.

Le monde spatial est extrêmement challengé actuellement et ArianeGroup doit maintenir son leadership en prouvant sa pertinence et de son expertise. Il en va de notre avenir industriel.

ACTIVITÉS DÉFENSE

Dans le contexte géopolitique actuel, ArianeGroup a une forte responsabilité en termes de plannings. Comme sur le civil, le programme militaire va devoir faire face à une montée en cadence. ArianeGroup a la responsabilité de tenir le plan de production. Dans le contexte politique français actuel, lavenir des différents programmes militaires reste fragile. (choix budgétaires)

M51.4 

En juillet dernier, les équipes ont pu remettre à DGA l’offre pour la nouvelle version du missile stratégique. Programme important pour la pérennité de la société pouvant donner une dizaine d’années d’activités. Un objectif de contractualisation en fin d’année est visé.

PERCHLORATE D’AMMONIUM

ArianeGroup fait face à des difficultés dans la supply chain pour sa fabrication de perchlorate d’ammonium. En effet, la société Arkema a vu l’un de ses sous-traitants, Vencorex, placé en redressement judiciaire. Le 6 novembre dernier, le tribunal de commerce de Lyon a accordé une prolongation de la période d’observation jusqu’au 6 mars 2025 dans le cadre du redressement judiciaire de Vencorex. Cette échéance doit permettre de trouver une solution industrielle pour l’avenir de Vencorex. La CFE-CGC Chimie, et l’intersyndicale, va devoir négocier un plan social imposé par l’actionnaire.

Côté production, la reprise a eu lieu sur notre site ArianeGroup de Toulouse grâce aux stocks et quantités disponibles. Nos productions sont sécurisées même si des solutions pérennes sont à l’études.

FLPT 

Face au succès des lance-roquettes multiples américains Himars, la France a lancé un programme 100 % français, dit FLPT (Frappe Longue Portée Terrestre). Les tandems Thales-ArianeGroup et MBDA-Safran se disputent un marché à 600 millions d’euros.

Nous sommes en phase de pré-étude.

SOCIAL

HARMONISATION DES STATUTS  

Huit longues années auront été nécessaire pour permettre à un statut social harmonisé de voir le jour.

Les équipes CFE-CGC ont été à l’écoute des salariés durant tout le mois d’octobre, pour répondre à toutes les questions.

Un service personnalisé à destination de nos adhérents continue notamment quant aux simulations du dispositif de Temps Partiel de Fin de Carrière (TPFC). Tous les salariés peuvent nous contacter pour obtenir des informations dédiées sur ce sujet.

La mise en application sera effective au 1er janvier 2025. La CFE-CGC restera constante dans son approche de ces négociations : responsabilité et défense des intérêts des salariés

FRAIS DE SANTÉ 

Le régime des frais de santé des salariés ArianeGroup est déficitaire depuis sa création. Plusieurs causes : régime structurellement déficitaire au regard de sa définition, dérive des dépenses de santé, impact du 100% Santé, inflation, désengagement continu de la Sécurité Sociale etc…

Les réserves des régimes étant quasi-épuisées, une négociation s’est tenue pour équilibrer le régime applicable aux salariés d’ArianeGroup ; elle s’est conclue par un avenant dont la principale mesure est une augmentation des cotisations (salariés et employeur) de 22% dès janvier 2025.

La CFE-CGC attend de la part de Malakoff Humanis de véritables propositions permettant au régime de revenir bénéficiaire. La hausse des cotisations n’est pas une solution à long terme. La CFE-CGC émet également quelques doutes quant aux projections présentées.

Également, la CFE-CGC pense qu’il n’y a pas eu suffisamment d’efforts faits pour communiquer envers les salariés et essayer d’améliorer la situation. Il existe des moyens pour améliorer le fonctionnement du système :

  • Meilleure utilisation du réseau frais de santé du prestataire (Kalixia),
  • Meilleure information pour une utilisation Rang 1 / Rang 2…

Autant de mesures qui permettraient des économies, pérennisant le système et évitant une augmentation des cotisations trop élevée qui, notons-le, coute très cher à la Direction et qui impacte donc les comptes de la société.

Rappelons une chose importante : notre prestataire est mutualiste. Il n’y a aucune logique de bénéficies dans ce type de couverture frais de santé. Les dépenses doivent être couvertes par les cotisations, le système doit être à l’équilibre pour être viable.

PROJET DE TRANSFERTS INDIVIDUELS DE CERTAINES FONCTIONS SUPPORT ENTRE Arianespace et ArianeGroup 

Pour la CFE-CGC ArianeGroup, le projet global ainsi que le signal qu’il envoie ont du sens : Arianespace doit être au plus près d’ArianeGroup. La volonté de montrer à l’Europe du spatial que l’entreprise prend des décisions structurantes pour notre propre avenir et celui de la filière, malgré les délais de réalisation du VEXIT, reste majeure. 

En revanche, en concertation avec nos collègues d’Arianespace, même s’ils peuvent comprendre le projet sur le fond, il existe de fortes inquiétudes quant aux conditions de sa mise en œuvre (planning, localisation et conditions de rémunération).

La CFE-CGC poursuit son action chez ArianeGroup, mais aussi et surtout chez Arianespace pour préserver l’intérêt des salariés concernés. Pour la CFE-CGC, l’entreprise, même si elle n’appartient pas aux salariés, est notre bien commun !

 

La pérennité de nos emplois et de la vie de milliers de salariés en dépendent. 

Nous la défendons et souhaitons sa réussite.

 

L’actualité sociale du moment

Demain, mercredi 6 novembre, les Organisations Syndicales Représentatives (OSR) rencontreront la direction pour travailler deux sujets :

  • Notre contrat de mutuelle frais santé,
  • Un point relatif au déploiement du nouveau statut ArianeGroup.

LE CONTRAT DE FRAIS DE SANTÉ

Notre prestataire frais de santé, Malakoff Humanis, nous a présenté en commission des suivi les résultats prévisionnels 2024.

LES CONCLUSIONS SONT SANS APPEL !

Comme depuis 2021, le régime sera encore déficitaire en 2024. C’est un déficit d’environ 9% qui est prévu.

Différents facteurs économiques et réglementaires affectent notre régime (Inflation, déficits de la Sécurité Sociale, report des charges sur les mutuelles…) et inexorablement, malgré une hausse de nos cotisations de 3 % chaque année, nos réserves sont consommées pour couvrir un déficit récurrent.

Selon les prévisions, en 2026 il manquerait 736 000€ pour couvrir les dépenses. Une hausse de 3% n’est donc plus suffisante, une négociation est nécessaire.

Sans aucune action, notre contrat est en danger, la dérive de notre S/P (rapport Sinistres à Primes) étant constante depuis 4 ans.

Pour stopper la dérive et redresser notre régime, Malakoff Humanis propose une augmentation de 22 % des cotisations.

Quelques exemples de l’impact en Euros ci-dessous :

 

Des discussions vont donc s’engager sur cette proposition de Malakoff Humanis. Selon les présentations faites, elle conduirait à :

  • Retrouver un régime équilibré en 2025 et 2026
  • Permettre de reconstituer des réserves, nécessité absolue dans tout contrat bien géré, MAIS

Malakoff Humanis projette une nouvelle dégradation en 2027 !

Cette solution pose donc question sur la pérennité de ses effets et la qualité des projections. De la même manière nous nous méfions des « Fausses Bonnes Idées » ! Dans des entreprises proches de notre périmètre, la Direction a accepté de financer, à elle seule, le surcoût des cotisations… mais, car rien n’est gratuit, en ponctionnant sur le budget de politique salariale ! A bon entendeur.

 

Quelles actions peuvent améliorer le S/P ?

Partant du principe que la Sinistralité reste la même (les besoins des salariés ne varient pas et les prestations restent identiques), des mesures, autres que la hausse des cotisations, peuvent avoir une effet positif sur le S/P. Nous pouvons citer par exemple : l’utilisation du réseau santé «Kalixia » proposé par Malakoff Humanis qui réduit la facture pour le système ou bien encore une meilleure utilisation du système de prise en charge en Rang 1 et Rang 2.

Précisons ce dernier point :

Il concerne tout salarié qui est couvert par un contrat famille, dont le conjoint ou la conjointe est couvert mais qui disposerait également de sa propre mutuelle. Il serait dans ce cas bénéfique pour notre régime que soit utilisée pour le conjoint ou la conjointe :

  1. en premier lieu sa mutuelle (notion de rang 1) puis, dans le cas d’un dépassement et d’un besoin de sur complémentaire,
  2. dans un second temps que la mutuelle ArianeGroup soit utilisée (notion de rang 2).

Si cette action n’a aucun impact sur le niveau de remboursement des salariés concernés, elle aurait un effet positif sur notre régime. 

En effet, utiliser la mutuelle ArianeGroup en premier alors qu’une autre mutuelle est payée par ailleurs revient à subventionner cette autre mutuelle, qui perçoit des cotisations mais n’a pas ou peu de dépenses à réaliser, ces dernières étant faites quasi intégralement par le régime ArianeGroup… CQFD.

Depuis trois ans maintenant, nous demandons à ce qu’une communication soit effectuée auprès de l’ensemble des salariés ArianeGroup, car si aucun caractère obligatoire existe, une bonne information et de la pédagogie sur ces pratiques pourraient améliorer la santé du système ; Malheureusement la direction et l’organisme de frais de santé auraient pu prendre en compte cette action mais cela n’a jamais été fait ; et ce malgré les nombreuses demandes de la CFE-CGC. Notons que l’encart réservé aux bonnes pratiques sur le Share in est assez limité….

Evidemment les deux mesures citées ne régleraient pas tout, mais elles limiteraient sans doute une telle hausse de cotisation.

Aussi, la CFE-CGC invite chaque salarié qui le pourrait à se questionner sur ce changement.

Si nous voulons conserver un système de mutuelle de très bon niveau, il est possible d’agir sur d’autres leviers que les cotisations ou les prestations …

LE DÉPLOIEMENT DU NOUVEAU STATUT

Pour un accord d’une telle envergure, il existe une phase charnière de déploiement et « de mise en musique » de tout ce qu’il contient.

Cette « mise en musique », passe par de l’information des salariés, des choix à faire par ces derniers (groupes fermés), la formation des fonctions RH et des managers ainsi que la mise à jour de tous nos outils informatiques (gestion du temps de travail, système de paye,…).

Depuis la signature de l’accord, la CFE-CGC a répondu à énormément de questions de compréhension posées par les salariés : par écrit, par téléphone, par mail ou en réunion d’information. Ces contacts ont notamment permis d’expliquer l’accord, les gains obtenus et de calculer des simulations. L’accord, et son application, peut parfois paraitre complexe et nécessiter des analyses précises, quasi individuelles, grâce à des outils que la CFE-CGC a développé.

C’est pourquoi la CFE-CGC préfère utiliser une méthode de questions/réponses individualisé pour chaque salarié qui nous en fait la demande plutôt qu’écrire des tracts trop globaux qui, pour certains, n’auraient pour résultat que de générer de l’anxiété ou de l’incompréhension …

Notez que, comme tout, cet accord est critiquable, rien n’est parfait en ce bas monde…. Mais la CFE-CGC affirme que personne ne peut honnêtement décrire l’accord signé par la CFE-CGC, la CFDT, la CGT et FO en ne pointant du doigt uniquement ce qu’il ne contiendrait plus.

Il faut aussi évoquer tous les « + » qu’il contient, validés par toutes les Organisations Syndicales Représentatives qui ont négocié et qui sont autant de réelles avancées ou gains pour les salariés sur les différents périmètres.

Fin de carrière, TPFC, médaille du travail, indemnités kilométriques, forfaits d’équipes, retraite supplémentaire, 6ème semaine de congés, ponts chômés et payés pour tous les mensuels, RTT au réel et libres d’utilisation pour les cadres, congés d’âges pour tous, CET, JHV…. Autant de mesures qui en font un accord équilibré.

L’accord prévoit qu’une commission puisse se réunir si des difficultés d’interprétation sont soulevées. En cours de déploiement, il est donc normal de se poser des questions sur l’application de tel ou tel article et la réunion entre la Direction et les Organisations Syndicales ayant signé l’accord va permettre d’éclaircir certains points.

À ce titre, la CFE-CGC a déjà adressé une liste de points à la direction. Au-delà des réponses que la Direction y apportera, la réunion permettra également de confronter des interprétations qui pourraient être différentes entre Direction et OSR.

Sur la base de ces échanges, la CFE-CGC continuera d’informer les salariés. Par sa signature, la CFE-CGC souhaite que ce nouveau statut soit déployé du mieux possible, en bonne intelligence et en limitant les difficultés.

LA CFE-CGC : UN SYNDICAT DE SERVICE !

Si vous avez besoin d’informations, la CFE-CGC sera toujours là pour vous répondre et en capacité d’aider tous les salariés.