Suppression de 600 postes de travail d’ici fin 2022…
Transfert du montage et des essais du moteur Vinci en Allemagne…
Des annonces prévisibles, hélas !
-600 POSTES DE TRAVAIL
ArianeGroup fut décidée en 2014/2015 sur la base d’au moins 11 vols Ariane 6 par an ; c’était l’objectif européen visé à l’époque.
Mais cette ambition a volé en éclats :
- SpaceX (s’il n’y avait que lui !) est passé par là et les prix du marché des lancements civils se sont effondrés, détournant jusqu’à nos clients les plus fidèles. Il est vrai qu’il bénéficie en toute légalité, mais au mépris d’une concurrence loyale, de prix dopés à la hausse pour les lancements gouvernementaux US
- L’Europe a mis trop de temps à réagir malgré les appels à l’aide de la filière industrielle, entreprises comme syndicats ; de plus nous assistons à une intensification des velléités nationales d’accès indépendant à l’espace avec notamment des initiatives sur les micro-lanceurs
- En 7 ans le marché du spatial a profondément évolué et l’apparition des constellations modifie la donne
- Le développement d’Ariane 6 fut plus long qu’initialement prévu (la Covid-19 n’explique pas tout !)
Aujourd’hui la cadence cible est revue à la baisse :
Le Conseil de l’ESA de cet été a validé 4 vols institutionnels garantis par an lors de la phase « d’exploitation » (2025-2030), après la phase précédente dite de « transition». Ce deal est conditionné au succès du vol 1 d’Ariane 6 vers mi-2022 avec 2 enjeux majeurs : date et succès du vol 1.
En complément à ces 4 vols institutionnels, ArianeGroup table sur 3 vols commerciaux par an, soit un total de 7 vols Ariane 6 par an contre 11 initialement.
CETTE NOUVELLE VISION C’EST 35% D’ACTIVITÉ DE MOINS
QUE CE QUI ÉTAIT PRÉVU À LA CRÉATION DE LA SOCIÉTÉ
⇒ Partant de ce constat et prenant en compte /1/ la fin du développement d’Ariane 6 qui arrive concomitamment avec la fin d’un important développement sur le stratégique, et /2/ la baisse de charge affichée jusqu’à 2025 (vue par l’expert et la Commission économique du CSE Central), la réduction des effectifs devenait inévitable à brève échéance.
LES FAITS SONT LÀ QUE CELA NOUS PLAISE OU NON
POUR AUTANT, LA CFE-CGC NE POURRA S’INSCRIRE DANS LA NÉGOCIATION D’UN PLAN DE DÉPARTS QU’À PARTIR DU MOMENT OÙ UN DIAGNOSTIC CRÉDIBLE ET DÉTAILLÉ (QUANTITATIF ET QUALITATIF) DE TOUS LES ÉLÉMENTS DE NOTRE PLAN DE CHARGE (SPATIAL, STRATÉGIQUE, PES,…) AURA ÉTÉ PRESÉNTÉ EN CSE CENTRAL
Le plan de départs :
La CFE-CGC ne doute pas que la Direction saura, pour atteindre son objectif de départs, proposer un accord dont les conditions retiendront l’attention des salariés ayant l’intention de quitter la société.
Mais la CFE-CGC se soucie aussi (et même « aussi et surtout ») des salariés qui vont rester. Il leur faudra une belle dose de motivation et de résilience pour d’un côté voir partir des collègues vers de nouveaux horizons, et de l’autre continuer à s’investir dans une entreprise dont les challenges à relever sont énormes. Il faudra que la Direction soit en capacité de leur proposer des perspectives motivantes d’évolution de carrière et de salaire, sans quoi l’échec est probable.
Vigilance sur le maintien des compétences :
Ce point est majeur : les salariés de tous niveaux et de tous établissements détiennent des compétences clé très spécifiques à nos activités. Ce plan de départ ne devra en aucune manière mettre en péril nos compétences, d’autant plus pour celles qui sont détenues par un nombre limité de salariés mais qui n’en demeurent pas moins critiques pour la maîtrise de nos activités.
Il va falloir changer de modèle en (re)mettant les compétences de chacun au centre du dossier et pas seulement traiter le volet quantitatif.
Attention aux RPS, notamment les burn out :
Durant cette période critique qui s’annonce jusqu’au 1er vol A6, les salariés qui resteront vont encaisser une partie de la charge de travail précédemment réalisée par leurs collègues partis ⇒ Risques Psycho Sociaux forts, sinon très forts !
Pour y parvenir il faudra par exemple, et c’est indispensable, SIMPLIFIER NOS PROCESSUS ! La CFE-CGC demande depuis des mois, notamment dans le cadre de la réorganisation SHIFT, où sont les actions de simplification de nos processus et de nos façons de faire.
TRANSFERT DU MONTAGE ET DES ESSAIS DU MOTEUR Vinci EN ALLEMAGNE
Le ver est dans le fruit depuis la Ministérielle de Séville de fin 2019 lorsque l’Allemagne met sur la table, dans les dernières heures de la négociation, un complément budgétaire sur les lanceurs, et en devient le 1er contributeur au grand dam de la partie française qui ne peut surenchérir.
A ce moment-là nombreux sont ceux qui se félicitent du fait que le nouveau budget de l’ESA est « historiquement élevé ». De son côté et depuis fin 2019, la CFE-CGC martèle « attention au retour géographique ! ».
Aujourd’hui nous y sommes : la France a été contrainte d’accepter cet été de laisser partir cette activité. Evidemment regrettable mais inéluctable.
Stop à l’effet domino :
Il s’agit maintenant de tout faire pour éviter un effet domino (aujourd’hui Vinci, demain … ?) qui serait mortifère pour l’établissement de Vernon.
Pour la CFE-CGC Vernon doit rester la référence européenne de la propulsion spatiale. Nous pensons par exemple qu’il faut concrétiser le retour des TPO d’Italie à Vernon, concrétiser les actions du plan de relance(méthanisation du PF50, …), ancrer toutes les activités du moteur Prometheus à Vernon, … Bref, nous tourner vers des projets d’avenir et structurants.
La CFE-CGC travaille et agit en concertation étroite avec les autres organisations syndicales car le devenir de l’indépendance française en propulsion fusée et de nos emplois à Vernon dépassent largement les différences syndicales. D’ailleurs, 45% des salariés de Vernon ont répondu à l’appel de CFDT, CFE-CGC, CGT, SUD et UNSA mardi 29 septembre : pratiquement 1 sur 2 ! Cette participation massive illustre l’inquiétude des salariés. Il s’agit d’un soutien précieux au travail de persuasion que nous menons auprès des pouvoirs politiques.
Ce dossier est essentiellement politique : la politique spatiale européenne est définie par les pouvoirs politiques. Raison de plus pour interpeller, à l’approche des échéances électorales de 2022, les politiques et tout faire pour permettre à ArianeGroup d’être bien positionnée sur le marché et au final maintenir et développer l’emploi sur notre site de Vernon.
Vos représentants CFE-CGC agissent auprès des politiques influents
(Députés locaux, Présidents de Régions, Ministères de tutelle, Bruxelles) via des rencontres régulières et des points d’étapes.
BESOIN D’UN VERITABLE DIALOGUE SOCIAL DE GRANDE QUALITE
Le dialogue que nous avons avec les politiques doit se poursuivre avec notre Direction Générale car il n’y a que dans la cohésion et un dialogue loyal que nous pourrons sortir grandis de cette passe compliquée.
⇒ Là réside une des conditions nécessaires pour traverser la situation actuelle dans un climat aussi apaisé que possible.
N’OUBLIONS PAS À QUEL POINT NOTRE AVENIR REPOSE SUR LE SUCCÈS DU VOL 1 D’ARIANE6
La Direction marche sur une ligne de crête entre compétitivité d’un côté et réussite du vol 1 de l’autre. Notre avenir dépend de cette ligne de crête, c’est pourquoi il faut réussir à passer ce cap difficile dans le dialogue et la convergence.
La CFE-CGC est convaincue que si nous dérapons c’est l’échec assuré ; or l’échec n’est pas permis car les conséquences pour notre avenir, et donc pour l’emploi, seraient terribles !
Ainsi, il ne faut pas que les actions visant à améliorer à court terme la santé économique d’ArianeGroup (SHIFT, -600, …) affectent notre capacité à terminer le développement d’Ariane 6 et à la faire voler dans les temps et avec succès. D’ailleurs, il serait utile que la Direction communique, même sous le sceau de la confidentialité, le plan de sécurisation du planning conduisant au vol 1 d’Ariane 6.